Il était une fois, dans un village du Tarn et Garonne, l’histoire d’une femme, Pétronille Cantecor
Quelle lien avec l’histoire du chapeau de paille me diriez vous ? La suite va vous éclairer… Pétronille Cantecor est une mère de 13 enfants…13 oui vous avez bien lu, ce qui tout d’un coup est plus compréhensible si j’indique le contexte historique : le 18eme siècle … Née en 1770 dans une commune de Caussade dans le Tarn et Garonne, elle se marie à 17 ans. Son mari est agriculteur rien d’original pour l’époque, la jeune femme, on l’imagine, a alors un emploi du temps bien rempli … Les tâches ménagères, les enfants et ses activités à la ferme …Ou plutôt aux champs …
L’histoire raconte que c’est en gardant les moutons ou dans le peu de temps libre qu’elle avait que Pétronille tresse de la paille de blé. L’idée d’assembler ces tresses ou « pailloles » afin de réaliser un chapeau lui vint par la suite naturellement, un chapeau de paille féminin venait de naître …La « palhola » , la tresse de paille désigne également le chapeau de paille porté par les femmes à cette époque…
Une petite production de chapeau de paille se met en place
L’engouement pour le chapeau qu’elle confectionne dépassa rapidement la dimension domestique et personnelle… Les demandes de son entourage et des commandes de voisines et d’amies commencent à pleuvoir : il faudra alors y faire fasse, la production s’organise, la cité du chapeau de paille en est à ses balbutiements. Les femmes accompagnées de leur enfants développent cette activité. Tout moment tranquille de la journée est l’occasion pour tresser la paille à chapeaux : on tresse à la maison, on tresse sur le chemin de l’école, le soir à la veillée …
Elle fonde le premier atelier de chapellerie à Septfonds en 1796
Septfonds et Caussade devinrent alors le cœur du développement de la chapellerie dans le Sud de la France… Les gens travaillaient à domicile pour la plupart d’entre eux à la réalisation des tresses de paille et la confection des chapeaux avaient lieu ensuite dans les ateliers … Jusqu’à 4000 salariés travaillèrent dans le secteur de la chapellerie. Les chapeaux les plus célèbres et les plus représentatifs de cette époque sont indéniablement les canotiers pour les hommes, le chapeau de paille à bords et fond plats.. Sa version féminine se nomme le gréty. L’histoire du chapeau canotier est abordé également dans le blog.
Le feutre et le cuir furent d’autres matières employées par la suite, la production de chapeaux se diversifia. Au 19ème siècle, l’un des petits fils de Pétronille Cantecor fit perdurer l’activité et développa encore la chapellerie via de nouveaux procédés et les progrès techniques de l’époque, une véritable industrie était née avec 26 manufactures en 1896. La confection des chapeaux de paille était réalisée grâce à des mélanges ingénieux des pailles locales du Causse avec celles plus fines importées d’Italie, de Suisse ou même de Belgique. Quelques rares et précieuses fabriques fonctionnent encore à Septfonds aujourd’hui.
Il était une fois une femme qui, à ses heures perdues, tressait la paille de blé … De ses tresses, elle eu l’idée de les assembler et d’en faire un chapeau de paille …Une belle histoire pour une belle région que les Estivales de Septfonds font resurgir des temps et renaître chaque été à Caussade, la cité du chapeau.
En Occitan, Cantecor signifie le coeur qui chante.